En tant que maîtresse E, j'ai repris une partie des supports avec lesquels je travaillais en ULIS, notamment pour proposer des supports de différenciation en classe aux collègues. Mais j'ai également besoin de supports un peu différents et d'activités pensées autrement pour travailler en regroupement d'adaptation. Vous trouverez ci-dessous des outils complémentaires à ceux de la partie combinatoire.
La méthode Piano est de plus en plus utilisée dans les écoles où j'interviens. Son entrée graphémique permet un enseignement explicite des correspondances graphophonétiques. Le côté visuel est assez épuré et clair.
L'idée de rendre la sonorisation des graphèmes concrète avec le piano est intéressante et prend bien avec les élèves.
Mais la méthode pêche encore un peu de mon point de vue au niveau des mots-outils qui sont présentés alors qu'ils ne sont pas encore totalement déchiffrables, et un peu nombreux à mon avis. Ils peuvent rapidement venir gêner les élèves en difficulté.
Je trouve aussi dommage que dans la différenciation proposée on joue quasiment uniquement sur la longueur des textes. Le paramètre complexité de la phrase, du vocabulaire, de l'utilisation de syllabes complexes pourrait je pense être travaillé pour avoir un premier niveau qui permette vraiment aux élèves en grande difficulté de déchiffrer au moins une phrase, avec des mots qui reprennent le graphème de la leçon dans une phrase très simple avec des mots réguliers et faciles.
Et je ne suis pas fan des phrases alambiquées et parfois peu compréhensibles qui sont sensées être des moyens mnémotechniques pour mémoriser la sonorisation des graphèmes.
Afin d'accompagner les élèves en difficulté qui travaillent avec cette méthode dans leurs classes, j'ai préparé quelques outils pour le regroupement d'adaptation, la classe ou la maison.
Le train des mots de chez Retz est un outil qui fonctionne bien pour établir la relation entre syllabe orale et syllabe écrite avec les élèves. Il offre également la possibilité de leur faire prendre conscience de leurs acquis en lecture ce qui leur donne confiance pour se lancer à essayer de lire des mots par la suite. Il donne une première approche de la procédure d'encodage pour des élèves pour qui cela reste totalement abstrait. Enfin il offre aussi la possibilté de revoir les graphèmes simples puis les graphèmes complexes pour soutenir la mémorisation.
Tous ces aspects en font pour moi un outil particulièrement intéressant, en ULIS comme en regroupement d'adaptation. Et cela compense largement de mon point de vue les reproches que je peux faire et que j'entends des collègues par rapport à ce support.
La méthode "Rue des contes CE1" employée par une collègue met en place chaque semaine une activité de révision des correspondances graphophonologiques que l'on retrouve souvent à ce niveau de classe : lire des mots et les trier selon les différents graphèmes utilisés pour écrire un même phonèmes ou, selon les leçons, voir les différents graphèmes dans lesquels est présente une lettre, ou aussi les différentes valeurs d'une seule lettre.
Pour les élèves en difficulté cette activité est très complexe. Tout d'abord les difficultés en lecture vont rendre la tâche très lourde à gérer : décoder les syllabes, identifier un graphème qui produit un certain phonème alors que l'élève ne sait pas le son produit par de nombreux graphèmes, maintenir en mémoire l'information liée au graphème étudiée, combiner les syllabes pour comprendre le mot (en maintenant les syllabes correctement décodées en mémoire ou en se débrouillant avec les erreurs de décodage commises), et enfin ranger le mot dans le tableau en n'ayant pas oublié ce qui était la consigne de base : la règle de tri.
Les enfants en difficulté en lecture ont souvent du mal à entrainer la voie d'adressage du fait qu'ils déchiffrent lentement et rencontrent donc peu de mots. Les mots fréquents ne "s'imprègnent" pas.
Et c'est un cercle vicieux car ils représentent généralement à peu près les moitié des mots d'un texte. Mettre du temps à les lire (et ils présentent souvent des irrégularités) revient donc à buter sur la moitié du texte, alors que les identifier facilement permet de se concentrer sur l'autre moitié des mots à déchiffrer et libère également des ressources mentales pour s'attacher à la compréhension.
Ce constat s'applique également au moment de l'encodage, si l'orthographe de la moitié des mots à écrire est mémorisée, l'élève peut se concentrer davantage sur le reste.
Un des jeux qui marchent particulièrement bien en petit groupe de remédiation en lecture avec les CP et les CE1 est le jeu "Lis et couvre" de La maîtresse et ses monstrueux.
Je l'utilise de la façon suivante : chaque enfant parcourt individuellement toutes les planches (après une présentation en collectif).
Je donne une planche à l'élève et les cartes correspondantes mais j'en retire une que je cache. L'élève lit les mots sur les cartes et place des jetons sur les images correspondantes de la planche. Quand il a lu toutes les cartes, il ne doit rester qu'une seule image qui n'est pas cachée par un jeton et elle doit correspondre à la carte que j'ai retirée.
Je peux ainsi les laisser en semi-autonomie pour lire les mots et répartir mon aide entre les élève pour le décodage. Les élèves qui n'essayent pas de comprendre le sens des mots et placent les jetons au hasard comprennent vite qu'ils ne peuvent pas gagner (l'image qui reste n'est pas celle correspondant à la carte cachée) et s'attachent rapidement à comprendre les mots et à demander de l'aide s'ils n'y parviennent pas seuls au lieu de rester sur une approximation de décodage qui ne fait pas sens.