Comment aider les élèves qui ont des difficultés à encoder les mots ? Une vaste question qui s'est posée à moi chaque année avec des points de vue différents à adopter en fonction des difficultés auxquelles se heurtaient les enfants. Il y a la question du nombre de syllabes, du nombre de phonèmes dans la syllabe, de l'utilisation d'un graphème plutôt qu'un autre,... Beaucoup de choses à gérer, et d'une façon différente selon les compétences de l'enfant, et avec en CLIS le souci de gérer tous les enfants en même temps sans me disperser et me perdre... A force de fureter partout sur le net et de voir et revoir les pochettes de dictées muettes façon Montessori, j'en suis finalement arrivée à me dire que cet outil pourrait être adaptable et multi-niveaux et serait une réponse possible pour avoir un matériel commun à tous mais utilisable de façons différenciées en encodage et orthographe. C'est depuis un outil qui a rempli ses promesses et qui m'a suivi en RASED se révélant très pratique pour revoir en séance avec moi la graphie étudiée en classe par les élèves.
Les dictées muettes sont à la base (cliquer sur l'image) des pochettes contenant des images et un modèle écrit des mots correspondants (au dos de la carte) que l'enfant doit recomposer à partir d'étiquettes-lettres. On travaille la discrimination visuelle si on utilise le modèle du mot et la lecture et l'encodage si on cache le modèle. Les pochettes sont auto-correctives puisque l'enfant peut tourner la carte pour vérifier le modèle du mot qu'il a écrit, et donc elles peuvent être utilisées de façon autonome, l'un des points qui m’intéressaient.
Là était donc un début de réponse à mon problème de gestion des différentes compétences des élèves de la classe, puisque je pourrais ainsi garder un temps de travail en atelier sur le même thème avec des enfants en autonomie et d'autres en atelier dirigé avec moi.
Les pochettes que j'ai montées sont fabriquées de façon à suivre ma progression des sons (qui est celle de la méthode Bulle) mais peuvent être utilisées indépendamment de celle-ci (suivant les compétences travaillées). En suivant la progression, les élèves ne rencontreront jamais un son qu'ils ne connaissent pas.
EDIT : parfois je propose une variante "mots simples" qui ne respecte pas cette progression des sons mais qui permet d'éviter les syllabes complexes (CCV, CVC) et les lettres muettes.
Voici donc les différentes cartes présentes dans mes pochettes :
1. liste des mots de la pochette.
2. cartes-mots avec juste les mots.
3. cartes-mots lettres dans le désordre avec le mot écrit et l'image mais les lettres dans le désordre.
4. cartes-images avec au dos le mot représenté par l'image.
5. mots croisés avec les mots de la pochette
Quand au problème de gestion des niveaux, j'ai entrevu avec les pochettes une solution relativement simple à construire et mettre en oeuvre ensuite en classe puisque tous les élèves travailleraient sur un même type de support : travail de préparation à ne réaliser qu'une seule fois, rangement en classe facilité, utilisation facilitée puisque les enfants iront tous chercher leur matériel au même endroit, organisation facilitée pour moi puisque tous les élèves sont sur la "même" activité en même temps, tutorat facile à mettre en place,...
Quelques pistes de travail différencié :
1. travailler juste le vocabulaire avec les cartes-images.
2. travailler la discrimination visuelle de lettres en recomposant le mot avec des étiquettes-lettres ou des lettres mobiles à partir du modèle du mot sur la
carte-image (même graphie ou non pour un travail de correspondances...).
3. travailler le nom des lettres en commandant les lettres à un adulte pour recomposer le mot avec des
étiquettes-lettres ou des lettres mobiles à partir du modèle du mot sur la carte-image.
4. travailler la mémoire et l'orthographe en cachant le mot recomposé et en l'épelant de mémoire.
5. travailler la lecture en utilisant les cartes-mots et en les associant aux cartes-images puis en tournant ces dernières pour vérifier.
6. travailler l'encodage et la combinatoire avec les cartes-mots lettres dans le désordre pour s'entraîner à encoder mais avec une aide, ou, dans le
cas des graphèmes complexes, avec une aide qui aider à choisir le bon graphème.
7. travailler l'encodage à partir des cartes-images sans aide mais en tournant l'image pour vérifier.
8. travailler la liste pour une dictée de mots.
ATTENTION : les pages 2 et 3 doivent être imprimées en recto-verso pour que la pochette soit auto-corrective.
Page 1 : les deux cadres pour la couverture de la pochette + les 8 cartes découpées une à une pour être lues puis associées aux images de la page 2.
Page 2 : les 8 images découpées une à une qui seront retournées pour faire apparaître le mot au verso et vérifier que l'étiquette de la page 1 placée sous l'image est correcte.
Page 3 : verso des cartes de la page 2.
Page 4 : cartes à découper une à une pour un travail d'encodage avec l'aide des lettres dans le désordre.
(NB : sur les fichiers groupés, les tableaux sont groupés par 2 pour optimiser l'impression et la plastification.)
Page 5 : sur une idée de Patricia, des mots fléchés sont disponibles pour certaines graphies, qui permettent de travailler l'encodage ou l'orthographe avec l'aide
Une partie des mots fléchés ont été gentiment réalisés et mis à disposition par Patricia et Célia.
Quand les élèves sont en situation d'écriture et qu'ils doivent encoder un son, ils peuvent utiliser les affiches de lecture avec les différents graphèmes un par un qu'on voit souvent dans les CP. Mais pour des élèves qui rencontrent des difficultés, utiliser ce type d'affiches peu vite s'avérer fastidieux et l'affiche n'est plus alors un outil d'aide mais une démarche supplémentaire et inefficace dans le processus d'encodage.
En effet, les élèves peuvent poser des questions du type "Dans bateau comment j'écris o ?" et l'enseignant répondre "C'est le o de taureau." Jusque là ça fonctionne et les élèves sont un minimum actifs en faisant une recherche soit de mémoire soit dans les affiches.
Le problème a commence à se poser quand à force de fréquenter des phonèmes qui peuvent s'écrire de différentes façon, ils n'arrivent plus à organiser leurs connaissances, et j'ai pu voir arriver des remarques du genre "J'arrive pas à écrire chat !" et moi répondre "Chat : c'est les sons ch et a." Et l'enfant perdu "Mais je ne sais pas comment on écrit ch, c'est quel ch ?". Alors que cet élève savait très bien transcrire le son ch, mais il avait fini par croire que pour tous les phonèmes il pouvait y avoir des graphèmes différents.
Par ailleurs, en ULIS, en ayant vu à force des années toutes les graphies courantes existantes avec certains élèves, nous avons beaucoup d'affiches de lecture (une cinquantaine), et si elles ont toujours leur utilité pour retrouver le phonème associé à une graphie en situation de lecture, il devient difficile et fastidieux de les parcourir pour l'opération inverse : l'encodage.
Ces pourquoi une série d'affiches dédiées spécifiquement à l'encodage (avec pour chaque phonème toutes les graphies possibles) peut s'avérer utile en situation d'écriture.
On évite ainsi le problème de "tous les sons peuvent s'écrire de différentes manières" puisqu'on pourra parcourir visuellement l'ensemble des sons pour lesquels on peut se poser des questions orthographiques.
Et on aura un outil synthétique et rapide à utiliser par l'élève quand il obtiendra une réponse du type "C'est le am de tambour."
Mise à jour 2022 : j'ai modifié une partie des mots de référence de façon à ce que le graphème soit à l'initiale du mot quand cela est possible et en utilisant des mots le plus familiers possibles d'élèves de CP/CE1 pour faciliter l'utilisation des affiches.
Reconstituer un mot avec des lettres mobiles est une activité que j'aime particulièrement utiliser car avec un même support il est possible de travailler des compétences diverses et avec différents degrés de difficulté, ce qui est parfait pour une classe multi-niveaux ou pour différencier.
On peut travailler la mémorisation des mots en lecture directe, le nom des lettres en faisant des jeux de "marchande", les correspondances entre les différentes graphies en utilisant des lettres mobiles dans une écriture différente du modèle, la copie de lettres capitales une à une si on travaille au velleda, l'encodage pour les mots simples, la mémorisation orthographique des mots,... On a ainsi toute une variété d'activités possibles avec un même support qui peuvent donner lieu à des ateliers autonomes, à des ateliers dirigés, à un travail avec l'AVS ou un tuteur.
C'est pour cela que les cartes sont à plier en deux avant de plastifier, on obtient ainsi un côté avec modèle du mot et l'autre sans modèle, ce qui permet de ne fabriquer qu'un seul support pour toute une palette d'activités.
Pour les lettres, j'utilise le matériel que j'ai dans la classe : lettres sur petits cartons issues de jeux, lettres aimantées pour le tableau, lettres de récup (scrabble, dessinées sur des petits cailloux,...),...
Des fiches d'activités à utiliser en prolongement pour proposer le travail de discrimination visuelle ou de correspondance des alphabets en autonomie, ou le travail sur le nom des lettres en jeu de marchande avec l'AVS ou un tuteur.
Des fiches d'activités à utiliser en prolongement pour proposer le travail de discrimination visuelle ou de correspondance des alphabets en autonomie, ou le travail sur le nom des lettres en jeu de marchande avec l'AVS ou un tuteur.
Dans le cadre de l'atelier d'orthographe, j'ai proposé ces derniers mois aux élèves d'apprendre l'orthographe des petits mots courants afin de gagner en lisiblité quand ils écrivent et de gagner du temps car ils n'auront pas à chercher comment encoder ces mots, qui sont de toute façon pour la plupart assez complexes et avec des lettres muettes.
Pour cela, nous avons commencé avec toute la classe le travail sur les mots du premier arc, le violet, en utilisant les fiches de techniques que nous avons l'habitude d'utiliser pour l'atelier d'orthographe. Les mots sont ensuite révisés à la maison en devoirs pour la semaine suivante. Selon le niveau et les objectifs fixés pour les enfants, on procède alors à une dictée de mots, des mots inclus dans des phrases, une dictée de mots avec modèle, une épellation,.. Si l'orthographe des mots est correcte, l'élève passe à l'arc suivant, dans le cas contraire il continue le travail sur le même arc jusqu'à avoir mémorisé l'orthographe des mots de cet arc.
NB : les mots ont été choisis en utilisant la liste des mots les plus fréquents de la langue française de Brunet.
Les élèves qui ont réussi tous les arcs reçoivent alors un diplôme pour valoriser leur travail et symboliser leur réussite. Pour le moment je leur demande de continuer à réviser tous les mots et je leur fais une dictée de 10 mots piochés au hasard dans l'arc-en-ciel chaque semaine afin de bien ancrer la mémoire de l'orthographe de ces mots.
Une petit fiche à destination des enfants et des parents pour le travail à la maison reprend les fiches des techniques de mémorisation utilisées en classe.
Afin de mémoriser l'orthographe des mots demandés, l'élève peut choisir une fiche qui va lui proposer une activité à réaliser avec du matériel ou à l'écrit. Les activités proposées tentent d'appuyer la mémorisation visuelle du mot global ou sa mémorisation lettre à lettre.